Le Joyau - La Maison de la Pierre by Amy EWING

Le Joyau - La Maison de la Pierre by Amy EWING

Auteur:Amy EWING [EWING, Amy]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Dystopie
Éditeur: ROBERT LAFFONT/BOUQUINS/SEGHER
Publié: 2015-07-29T22:00:00+00:00


5.

Je suis réveillée par un grincement métallique et une douleur sourde au niveau du cou.

J’ai dû dormir dans une mauvaise posture – y a-t-il vraiment une position confortable lorsqu’on doit se contenter d’un sol en pierre ?

— Bonjour, dit Émile.

Je m’assieds et me frotte les yeux. Le maquillage d’hier soir colle à mes paupières. Je baisse le regard pour découvrir que je porte toujours la même robe, à présent crasseuse et froissée.

À la bonne heure, pensé-je. Je me repasse les mains sur le visage, m’étalant du fard à paupières et du mascara sur les joues.

— Ne vous en faites pas pour la robe, vous ne porterez jamais deux fois la même tenue.

— Ça ne m’inquiète pas plus que ça, répliqué-je, sans réellement lui prêter attention.

En réalité, je fixe ses mains. Il porte un plat en argent surmonté d’une cloche assortie. Sans doute de la nourriture ! Mon estomac gargouille, ce qu’Émile ne manque pas de remarquer.

— J’imagine que vous n’avez pas pu avaler grand-chose hier, au dîner de la duchesse du Lac.

Dans un petit coin de mon cerveau, je note le nom et le titre de la maîtresse de Violet, mais ce qui m’intéresse vraiment, c’est ce qui se cache sous le couvercle de métal. Émile ouvre la partie supérieure de la porte grillagée et me tend le plat. Je l’attrape, trop affamée pour avoir honte de mon empressement, et retire la cloche à la hâte. Elle heurte les barreaux dorés avec un bruit sourd.

Je contemple l’assiette, médusée. Il y a exactement trois petits pois, un quartier de pomme rouge, un bol de bouillon clair et la moitié d’un petit pain.

Mon cerveau voudrait exploser de rage, mais mon ventre crie famine et veut tout engloutir. Je commence par le petit pain – chaud, moelleux, au bon goût d’oignon. Puis le bouillon – trop salé et trop dilué. Enfin, la pomme, croquante et sucrée.

Je ne mange pas les pois, ils me rappellent beaucoup trop les consignes d’hier soir. Qu’elle aille se faire voir cette comtesse, avec ses règlements à la noix !

Émile me regarde, le visage impassible, jusqu’à ce que je m’essuie la bouche d’un revers de main.

— Terminé, dis-je.

— Vous n’avez pas fini.

— Si, j’ai fini.

— Vous ne vous facilitez pas la vie, réplique-t-il avec une petite moue.

Je laisse échapper un rire sarcastique.

— Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, Émile, je suis dans une cage. On m’a enlevée à ma famille à l’âge de douze ans. J’ai enduré des souffrances indicibles, j’ai saigné, j’ai rendu tripes et boyaux… tout ça pour que je puisse porter l’enfant de l’une de ces femmes riches complètement tarées. Maintenant je suis ici, je viens d’être estropiée avec un hameçon par un psychopathe, et une autre folle a menacé de me couper la langue hier soir. Ça fait déjà un certain temps que ma vie est un supplice.

Ce qui n’est pas tout à fait vrai. Southgate, c’est le paradis comparé à ce trou.

Émile prend une mine renfrognée.

— Nous avons tous souffert, 192. N’allez pas vous imaginer que vous êtes la seule.



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